Et si on arrêtait de vouloir “gérer” nos émotions ?

Une invitation à écouter plutôt qu’à contrôler

J’ai longtemps cru que mes émotions étaient un problème.
Trop vives, trop fortes, trop présentes.
On m’a souvent dit que je ne savais pas “me maîtriser”, que je réagissais “mal”, que j’étais “trop”.
Et je l’ai cru.

Avec le temps, j’ai compris que mes émotions n’étaient pas des ennemies, mais des messagères.
Elles étaient intenses, oui, mais surtout mal comprises — par moi, et par les autres.

Nous vivons aujourd’hui dans une société qui semble avoir peur des ressentis. Dès qu’une émotion est trop visible, trop puissante, on tend à la pathologiser, comme si ressentir “trop” était forcément anormal. Et pourtant, nos émotions ne demandent pas à être classées dans des cases, mais simplement à être entendues.

Petit à petit, grâce à un travail thérapeutique, à la sophrologie, à la méditation et à la pratique sportive, j’ai appris à ne plus chercher à les contrôler à tout prix. J’ai appris à les accueillir, à leur faire une place, même lorsqu’elles dérangent

J’ai aussi appris à discerner les discours invalidants — ceux qui disent que ressentir est une faiblesse, que l’émotion doit être maîtrisée, tue, rangée. Aujourd’hui, j’ai envie de partager une autre vision :

  • Une vision dans laquelle on ne parle plus de “gestion” des émotions comme on gère un compte bancaire,
  • Mais d’accueil, de présence à soi, d’une relation vivante avec ce qui nous traverse.

Dans notre société, ressentir trop est souvent perçu comme une maladie.

Le mot « gestion » vient du monde du contrôle, de la rentabilité, de la performance. Dans notre société, on apprend très tôt à « se maîtriser », à « rester professionnel », à « ne pas se laisser envahir ». Les émotions deviennent alors suspectes. Elles dérangent.

Mais une émotion n’est pas un problème à résoudre. C’est un message.
Elle nous parle d’un besoin (non comblé), d’une blessure, d’un désir, d’une valeur.
La tristesse, la peur, la joie, la colère… ne sont pas bonnes ou mauvaises. Elles sont. Et vouloir les contrôler à tout prix revient à étouffer une partie essentielle de ce que nous sommes.

Aujourd’hui, la moindre intensité émotionnelle est vite interprétée comme un dysfonctionnement. Comme si la joie trop vive, la colère trop marquée ou la tristesse trop profonde devaient forcément cacher un trouble. Or, les émotions intenses sont simplement le signe d’une grande sensibilité, d’un contact fort avec la vie. Les réduire à une “maladie” revient à nier leur richesse et à appauvrir notre humanité.

« Nous ne sommes pas des êtres rationnels qui ressentent, mais des êtres émotionnels qui pensent. »
Antonio Damasio (médecin, professeur de neurologie).

Les émotions : un langage que nous avons oublié

Dans une culture où l’on valorise l’action rapide, l’efficacité et la maîtrise de soi, les émotions sont souvent perçues comme des faiblesses.
On nous encourage à les masquer : un enfant en colère est « capricieux », un adulte triste est « fragile », une personne anxieuse est « malade ».

Mais l’émotion n’est pas l’ennemie. Ce qui pose problème, c’est souvent notre incapacité à la reconnaître, à l’accepter et à y répondre avec justesse.

Accueillir une émotion ne veut pas dire s’y noyer. Cela veut dire :

Lui faire une place,
La nommer,

L’écouter sans la juger.

« L’acceptation radicale de nos émotions est la base de la flexibilité émotionnelle. Ce n’est pas la douleur qui nous brise, c’est la lutte contre elle. » – Susan David (psychologue, Harvard Medical School)

Accueilir ses émotions : une compétence humaine, pas une stratégie de contrôle

Accueillir ses émotions, c’est apprendre à cohabiter avec ses ressentis, à les reconnaître, à les transformer si besoin.
Ce n’est ni de la répression, ni un lâcher-prise total. C’est un équilibre subtil.

Pour certaines personnes (hypersensibles, neuro-atypiques), les émotions peuvent être vécues comme intenses, envahissantes, voire douloureuses.
Dans ces cas-là, réguler devient un besoin vital pour apaiser le système nerveux, retrouver de la clarté. La respiration, les temps d’ancrage, les pratiques comme la sophrologie sont alors de véritables soutiens.

Mais pour la majorité des gens, le problème est l’inconfort face aux émotions dites « désagréables » :

  • La peur doit disparaître.
  • La tristesse doit être évitée.
  • La colère est mal vue.

Or, aucune de ces émotions n’est « négative ». Chacune a une fonction. Refuser de les sentir, c’est se couper de son intelligence émotionnelle.

Ce n’est pas l’émotion qui est problématique, mais la peur collective de la ressentir.

Le vrai obstacle ne vient pas de l’émotion elle-même, mais du regard que notre société porte sur elle. On nous apprend très tôt à “tenir”, à “ne pas craquer”, à “ne pas se laisser envahir”.

La peur d’être jugé nous pousse alors à refouler nos ressentis. Pourtant, une émotion accueillie perd de sa force destructrice. C’est dans l’acceptation qu’elle trouve sa juste place.

« Nos émotions sont le chemin le plus authentique vers la connaissance de nous-mêmes et du monde.»
Audre Lorde (poète et militante)

Frustration, tristesse, colère : pourquoi ces émotions nous font si peur ?

Notre monde nous pousse à rechercher le plaisir, la réussite, le confort, l’immédiateté.
Nous ne savons plus faire face à la frustration.
Attendre, perdre, échouer, être seul, ne pas comprendre… toutes ces expériences fondamentales sont devenues suspectes.

Et pourtant, ces expériences font partie intégrante de la vie. La philosophie l’a toujours su.

« Je sens en moi quelque chose de trouble qui me fait peur, une violence qui m’épuise. Mais j’accepte la grande aventure d’être moi.» — Simone de Beauvoir (philosophe).

Chez Spinoza, les émotions ne sont pas des faiblesses à combattre, mais des expressions de notre puissance d’agir.
Chez les Stoïciens, il ne s’agit pas de supprimer ses émotions, mais de comprendre ce qu’on peut transformer, et ce qu’on doit apprendre à traverser.

Accueillir ses émotions, c’est redevenir responsable de son humanité et prendre part au monde. 

Ralentir. Écouter. Retrouver son intériorité.

Nous passons nos journées à courir, à produire, à répondre à des notifications. Et nous oublions parfois le plus essentiel : habiter notre propre présence.

La sophrologie, la méditation, l’introspection, la spiritualité sont autant de chemins pour retisser un lien entre notre monde intérieur et le monde qui nous entoure. 
Ces pratiques ne cherchent pas à « calmer » les émotions comme on calmerait un enfant capricieux.

Elles offrent un espace de silence, d’écoute, d’accueil — pour que ce qui a besoin d’être senti puisse l’être… et se transformer, en douceur. 

« Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Et dans cet espace se trouve notre pouvoir de choisir notre réponse. »
Viktor Frankl (psychiatre et neurologue). 

Sophrologie et émotions

En sophrologie, il ne s’agit pas de « gérer » une émotion comme on gère une tâche ou un problème. La pratique invite plutôt à observer ce qui se passe en soi, sans jugement, et à créer un espace intérieur où l’émotion peut exister pleinement. Grâce à la respiration, aux visualisations et aux exercices corporels doux, on apprend à laisser circuler ce qui nous traverse, au lieu de chercher à le contrôler ou à le réprimer.

Les émotions sont des signaux précieux : elles indiquent nos besoins, nos limites, nos élans. Pourtant, notre culture de la performance et du contrôle nous pousse à les considérer comme des obstacles. En réalité, elles sont des alliées : comme une boussole, elles nous orientent dans nos choix, nos relations, nos engagements. Les craindre, c’est se priver d’un guide intérieur essentiel.

Dans mes accompagnements, j’offre une écoute bienveillante et je crée des espaces sécurisants où chacun peut se montrer vulnérable sans crainte. Dans ce cadre, les émotions ne sont plus des intruses à chasser, mais des messagères à accueillir avec douceur. Peu à peu, la peur de « mal réagir » s’apaise, et chaque émotion devient une expérience à écouter, à comprendre… plutôt qu’à combattre.

Et si, en cette rentrée, vous vous donniez la permission…de sentir ?

Sentir ce qui vit en vous. Ce qui vous dérange. Ce qui vous touche. Ce qui vous met en mouvement.
Et si au lieu de chercher à « gérer », vous appreniez à accompagner vos émotions comme on accompagne un enfant : avec douceur, avec patience, avec amour.

La capacité à ressentir profondément n’est pas un défaut, mais une ressource précieuse. Elle permet l’empathie, la créativité, la passion, l’élan vital. Ceux qui ressentent fort sont souvent ceux qui perçoivent avec plus de finesse le monde qui les entoure. Là où la société y voit une vulnérabilité, il y a en réalité une force : celle d’être pleinement vivant, et d’oser vibrer.

« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade » — Jiddu Krishnamurti (penseur Indien, auteur).

Et vous, quelle place laissez-vous à vos émotions dans votre quotidien ?
Je vous invite à prendre un instant pour y réfléchir, à partager vos ressentis, ou même à venir en parler avec moi. Parce que parfois, s’autoriser à être écouté dans sa vulnérabilité est le premier pas vers une relation plus apaisée avec soi-même.

« Tu es différent ? Tant mieux, parce que c’est là que réside ton humanité. »
— Fabrice Midal (philosophe, auteur, fondateur de RESO).

POINTS CLES DE L'ARTICLE

Petit exercice pour conclure

Prenez deux minutes pour vous :

  1. Fermez les yeux.
  2. Inspirez profondément par le nez, puis expirez lentement par la bouche.
  3. Posez-vous cette question intérieure :
    « Quelle émotion vit en moi en ce moment ? Et si je ne devais pas la juger, que me dirait-elle ? »
  4. Accueillez simplement ce qui vient, sans vouloir que cela disparaisse.

Si cet article résonne pour vous, n’hésitez pas à le partager. Et surtout, prenez soin de vos émotions : elles ne sont pas vos ennemies.
Elles sont vos alliées sur le chemin de la conscience de soi.

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